Dans les années insouciantes qui précédèrent la guerre de 1914,
dans celles, heureuses et avides qui leur succédèrent, Hyères devint pour
beaucoup la ville enchanteresse où il est de bon ton de séjourner l'hiver
, sinon de vivre.
Alphonse Denis a fait de sa ville, trés vite, une ville à la mode et,
même si le mot n'est pas encore trés usité, le snobisme y attire une
foule riche, insouciante, avide de luxe, qui emplit les luxueux palaces
où l'on dépense l'argent sans compter.
LES PALACES:
Des survivants de cette époque gardent la nostalgie de ce passé somme
toute pas si lointain, où calèches, victorias et même tramway
conduisaient hôtes illustres ou touristes fortunés vers l'hotel des Iles
d'Or "petite ville dans la ville" comme l'écrivait Amédée Aufreuve.
En voyant cet hotel de princière apparence, ajoute t'il, l'étranger
comprend qu'il arrive dans une sorte de terre promise où la belle place
lui est gardée. Cet hôtel, on dirait volontiers ce palais, est bien
plus qu'un décor".
Autre palais somptueux, le Golf-Hotel, à l'est de la ville, dans la
vallée de Gapeau, offrait à sa clientéle 300 chambres, dont 60 avec bain.
Au milieu d'un vaste domaine se trouvait un centre sportif avec un golf
de 18 trous, 4 courts de tennis et 5 croquets. Cet établissement de haut
luxe fut détruit à la libération. Il ne sera hélas! pas reconstruit et
manquera cruellement au développement touristique de la ville aprés 1945.
LE GRAND CASINO
Dans les riches années d'Hyères, le grand Casino, construit sur les
plans de M. Fomberteaux aux alentours de 1910, fut également un haut-lieu
du tourisme, avec bar-restaurant, salon de lecture, cercle de commerçants,
salle de petits cheveaux, etc... La salle de spectacle, dans le plus pur
style roccoco de l'époque, comprenait prés de 900 places. Pièces de
théatre, opéras, opérettes, galas de variétés et concerts s'y
succédaient.
LA VIE ECONOMIQUE:les débuts de la cote d'azur
Alors que s'édifient des villas, des hôtels, des palaces et que des
jardins aux harmonieuses perspectives s'emplissent de tubéreuses de
jasmin de Goha, de camélias, d'hibiscus, la vocation agricole et
horticole de Hyères s'affirme par ailleurs. Outre, on l'a vu, des
orangeraies fort productives, l'olivier et la violette doubles sont
cultivéesavec beaucoup de succés. Bien abritées des vents froids par
les collines qui la surplombent, Hyères peut se targuer d'être la ville
de la méditérranée où il ne gèle pratiquement jamais. Des terres
fertiles (plus de cent hectares, déja, à la fin du XIXem siècle) et
fort bien irriguées, un microclimat qui permett pratiquement toutes
les cultures, la placeront aux tous premiers plans quand le chemin
de fer lui premettra d'écouter sa production et, partant, de la
multiplier.
Sous le Second Empire, des agences de "facteur de la halle" de Paris
s'installent à Hyères et en train entier chargé de fruits, de légumes
et, déja, de fleurs, part quotidiennement vers la capitale. Jamais
autant qu'en cette époque le tourisme, le luxe et la spécialisation
agricole ne s'harmoniseront aussi bien. La légende ne veut-elle pas
que la Reine Victoria, qui séjourna à Hyères durant l'hiver 1892
( ce qui contribuera a drainer vers la cité ainsi privilégiée,
toute un colonie anglaise fortunée) se plaisait à visiter les
champs de rosiers dont les parfums montaient jusqu'à l'hotel
Albion où elle séjournait?
Un tourisme d'été va s'ajouter à ces deux vocations. Si, aujourd'hui,
cela peut sembler parfaitement anachronique, les bains de mer étaient
envisageables avant la première guerre mondiale uniquement pour des
raisons médicales et réservés aux seuls malades. C'est seulement
aux alentours de 1900 que les plaisirs de l'eau ne seront plus
goutés seulement par quelques hardis novateurs et que la mer ne
sera plus considérée comme seulement belle à regarder. Outre les
préjugés médicaux, une foule d'autres devront également être bravés.
Comment descendre dans la mer "en présence de la foule", comme le
noter Michelet et dans quelle tenue? Effectivement, les vêtements
de bain des élégantes de l'époque, comme on peut le voir sur des
cartes postales anciennes, prêtent à sourire.
La presse locale (car il existe, à cette époque-là, une presse et
imprimée à Hyères) titre, non sans une certaine ironie: "Hyères, station
estivales !" .De fait, la ville ne cessera dés lors de descendre vers la
mer et de privilegier un tourisme d'été, si nouveau mais si fructueux.
L'évolution de la ville
A la veille de 1914, on l'a vu, les touristes en grande partie
étrangers assurent la prospérité d'Hyères. Presque tout le commerce
local est à leur service. C'est pour cette clientèle exigeante que les
urbanistes d'alors ont, durant quelques décennies et fort heureusement,
vu grand. Pour acceder à la gare, devenue indispensable et qui sera
construite en 1876, les municipalités d'alors percent des avenues
larges et confotables, Edith Cawell, Victoria, etc... Les avenues
Godillot et Gambetta acheverons de donner à Hyères ses structures de
ville moderne, s'harmonisant bien avec de somptueuses rangées de
palmiers ou d'arbres de Judée, avec la vielle ville pittoresque,
l'une et l'autre faisant le bonheur des touristes.
Mais retrouvez aussi la villa Noaille et le castel Sainte-Claire.
GALLERIES DE CARTES POSTALES ANCIENNES: